Fanny Laugier, la porcelaine métamorphosée

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Dans les mains de Fanny Laugier, la porcelaine redevient cette terre blanche, minérale et sensuelle, si contemporaine, sur laquelle elle pose une empreinte. Repoussant les limites de cette matière, la céramiste conçoit de véritables sculptures translucides.

Fanny L

Nos parcours de vie sont loin d’être figés, et Fanny Laugier en est un bon exemple. Il y a quelques années, cette ancienne biologiste a décidé d’inverser la donne, et de faire de ses passions personnelles son métier. Un passage à l’école Duperré, et la voilà installée, les mains dans la terre blanche, à donner corps à des objets imaginés. Le caractère complet de la céramique l’a très vite séduite : « Elle rassemble ce que j’aime faire, le travail de la matière pour la sculpture, celui de la couleur pour la peinture, sans oublier la gravure dans les impressions. » C’est d’ailleurs cette conjugaison d’influences qui donne leur signature particulière à ses créations : fines, uniques, elles portent toutes une empreinte spécifique, un motif créé sur la base d’une impression, avec une application très précise de la couleur, en creux, et des techniques d’essuyage issues de la gravure.

tasse ceramique

Les tasses Carton ondulés parlent d’elles­ mêmes, l’illusion est parfaite, le motif caractéristique reproduit à la perfection… et la finesse de la porcelaine traitée en biscuit est telle qu’on imagine volontiers une construction, un pliage cartonné. « J’aime l’aspect mat du biscuit de porcelaine, très minimal. Je fais des empreintes avec des filets, des textiles, du carton… et cela fonctionne sur ces surfaces pures. Je n’applique pas d’émail, ou légèrement à l’intérieur. » Un travail d’une grande précision « jusqu’au point ultime de la finesse, une fragilité que l’on fige ensuite dans la cuisson ». Elle n’utilise pas de moule, construisant par exemple patiemment par superposition de bandelettes, comme un échafaudage subtil : « Il faut trouver la bonne consistance de la matière, celle qui permet le maintien. »
Quelles que soient ses créations, ce qui intéresse Fanny Laugier, c’est de « prendre le contrepied de ce que l’on imagine spontanément quand on évoque la porcelaine » : dans l’esprit d’un trompe ­l’œil, pousser l’étonnante fragilité de la matière à la limite de la feuille de papier, de la bande de tissu, et lui apposer un travail d’empreinte, de motifs, souvent inspirés de la peinture abstraite des années 1930 à 1950 dont elle est férue. Sa ligne artistique trouve un bon écho à l’étranger, une ouverture vers l’international apportée par Maison & Objet, où elle expose dans le cadre des Ateliers d’Art de France. Si elle travaille essentiellement en direct avec des galeries, elle participe aussi à des manifestations publiques comme les Journées de la Céramique 
(du 3 au 6 juillet, à Paris).

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